Michel Bühler — La Brosse à Reluire

Слушать Michel Bühler — La Brosse à Reluire

Текст Michel Bühler — La Brosse à Reluire

Amis, dans cette chanson, saluons l’esprit fertile
De l’homme qu’est depuis toujours tourné vers le meilleur
Grâce au cerveau complexe, grâce à l’âme subtile
Qu’il a reçus d’en haut ou d’en bas ou d’ailleurs
Intelligence dont jaillit comme un soleil
La massue, le rince-doigt, le clou, le restoroute
Le fil à couper le beurre, le casier à bouteilles
L’eau tiède, la marche arrière et le gril à mammouth
Sans oublier, bien sûr, la poire à lavements
La poudre d’escampette et de perlimpinpin
La bombe à neutrons, le soutif, le règlement
Et le fusil tordu pour viser dans les coins

Parmi toutes ces merveilles, je ne crains pas de le dire
Je n’ connais rien de plus beau que la brosse à reluire
J’ n’en connais pas d’ mieux que toi, viens, nous faut fêter ça

Notons que le faux-derche pour enjôler les grands
A mille autre moyens à sa disposition
Le sourire servile, l’habile compliment
La courbette mielleuse, la franche admiration
On peut cirer les pompes ou fourguer ses salades
Caresser dans le sens du poil est de bon ton
Dérouler l’ tapis rouge ou passer la pommade
Est toujours apprécié et dans les grands salons
Dévoré d’ambition, l’hypocrite gluant
Peut se laisser aller jusqu’à baisser son froc
Jusqu’à lécher le… euh… lécher le fondement
Mais paraît que ça n’ se fait plus guère à notre époque

Tout convient, tout est bon pour flatter, pour séduire
Mais rien ne vaut, c’est certain, une brosse à reluire

Elégante, discrète, elle peut être mise
Et sans danger aucun, entre toutes les mains
On la trouve au bureau comme dans le show-biz
Partout où vient fleurir le génie des humains
Elle s’épanouit que c’est l’apothéose
Dans l’ milieu délicat des politicaillons
Où ceux qui la manient sont de tels virtuoses
Que là, je dis… chapeau ! Que là, je dis… champions !
Sans elle pas d’élus, sans elle pas de vie
Eh ! Si nous sommes là, c’est parce qu’un soir papa
Murmura à maman «Boudiou que t’es jolie
J’ n’en connais pas d’ mieux que toi, viens, nous faut fêter ça»

Gloire à cet instrument qu’est pas près de vieillir
Gloire à ce don du ciel qu’est la brosse à reluire

Mais le vrai faux-cul sait qu’il ne faut en user
Qu’avec modération. Son abus ostensible
Amène le contraire de l’effet escompté
Flagornez, flagornez, vous n’êtes plus crédible
C’est pourquoi, spectateurs chéris et nourriciers
Je me garderai bien de vous brosser avec
Au moment précieux d’ bien bas vous saluer
Pas de phrases entre nous, pas de salamalecs
Bien que vous méritiez plus que tous mes bravos
C’est vrai, vous êtes fins, pleins d’humour et de cœur
Attentifs et rapides et cultivés et beaux
Bref, sans exagérer, vous êtes les meilleurs

Quelle prestance, qu’elle classe, quel esprit, quels sourires
Gazouiller devant vous fut bien plus qu’un plaisir
Parole d’un ami sincère de la brosse à reluire